L'Espagne s'enlise en Catalogne

Les derniers coups de butoir du gouvernement de Mariano Rajoy pour empêcher la tenue du référendum d'autodétermination le 1er octobre en Catalogne viennent d'enterrer définitivement l'esprit de la transition démocratique incarné par le régime installé en 1978. Qui plus est, l'opération policière du 20 septembre qui s'est soldé par l'arrestation de 14 responsables du gouvernement de la Generalitat, la saisie de 10 millions de bulletins de vote, puis la suspension de l'autonomie financière et la décision de mettre la police autonome catalane sous le contrôle directe du gouvernement espagnol ont sonner le glas du statut d'autonomie de la Catalogne.

 

 

Paradoxe de l'histoire de l'Etat espagnol : c'est un colonel de la Guardia Civil, Diego Pérez de los Cobos – condamné pour avoir torturé un militant basque, frère de l'avant dernier président du Tribunal Constitutionnel, et dans sa jeunesse militant du parti franquiste d'extreme droite Fuerza Nueva – qui aura pour mission de superviser et diriger les Mossos de Escuadra.

 

42 ans après la mort du dictateur Francisco Franco l'Etat espagnol se retrouve au point zéro. Les revendications scandées à la Plaza del Sol de Madrid lors de la mobilisation organisée pour dénoncer le coup de force du gouvernement de Rajoy en Catalogne cristallisent ce moment : les uns revendiquaient le droit à l'autodétermination de la Catalogne, et les autres une République, en substance un changement de régime en Espagne. Preuve s'il en fallait, qu'il ne s'agit pas d'un problème Catalan, mais bel et bien d'un problème espagnol. De ce fait, la période d'instabilité que traverse l'Etat espagnol offre une nouvelle fenêtre à ne pas manquer : pour les démocrates espagnols le processus catalan représente une opportunité afin de réaliser la véritable transition vers la démocratie, et dépasser ainsi le régime établi en 1978.

 

Les événements récents en Catalogne ont mis en évidence l'ADN autoritaire et le manque notoire de culture démocratique de l'Etat espagnol. A l'opposé, les Catalans ont fait usage de toutes les voix légales et démocratiques. Malgré les refus répétés ils ont persévéré. Au bout du compte, c'est le mépris affiché par Madrid qui a provoqué l'accélération du processus indépendantiste.

 

Petit rappel historique

 

A l'origine se trouve la décision du 28 juin 2010 du Tribunal constitutionnel espagnol rejetant le nouveau statut, qui élargissait l’autonomie de la Catalogne et reconnaissait l’existence de la nation catalane. La première mouture du nouveau Statut fut adopté par le Parlement catalan le 30 septembre 2005. Une fois passé par la moulinette du pouvoir législatif, le texte obtint la majorité aux Cortès de Madrid, puis il fut ratifié par les catalans lors du référendum du 18 juin 2006.

 

L'arrêt du Tribunal constitutionnel provoqua un déclic au-delà des secteurs indépendantistes. L'impossibilité de se faire entendre à Madrid et de construire un rapport dans le respect entre la Catalogne et le gouvernement espagnol marque le point de rupture. Face à la seule bilateralité envisagée par Madrid, celle de la servitude volontaire, les catalans ont fait le choix de s'émanciper.

 

L'hypothèse démocratique

 

David Fernandez , membre de la CUP (parti anticapitaliste indépendantiste) a bien résumé l'équation en œuvre en Catalogne : « à défaut d'avoir une voie démocratique vers l'indépendance, nous devrons construire une voie indépendantiste pour accéder à la démocratie ». Une chose est sûr, suite à l'intervention brutale de Madrid pour empêcher le référendum, la question d’indépendance s’est transformée en question de démocratie.

 

L'enjeux imminent du 1er octobre est celui de résoudre un conflit politique par la voie démocratique, en votant. Les menaces qui pèsent sur le référendum – envoi de milliers de policiers, ouverture de procédure pour sédition pouvant entrainer des peines de prisons,... – font présager le pire. Une certitude : rien ne sera plus pareil à partir du 1er octobre.

 

Car, enfin de compte il ne s'agit pas de changer de drapeau, ou de lever de nouvelles frontières. Il s'agit d'une tentative d'accéder à la démocratie, et de construire un autre modèle de société. A ce titre, le champs des possibles est plus ouvert que jamais. Dans les rues de Barcelone et de toute la Catalogne une nouvelle vision du commun est entrain d'éclore, avec la participation des dockers, des étudiants, des agriculteurs, des retraités... Ce n'est pas la nostalgie d'un passé idéalisé qui les réunit, mais l'espoir d'un futur meilleur. Avec le sourire et la joie. Que la fête et le mambo continuent!Visca Catalunya Lliure! 

 

 

Egoitz Urrutikoetxea- Iratzar Fundazioa

 

 http://www.naiz.eus/fr/hemeroteca/mediabask/editions/mediabask_2017-09-28-07-00/hemeroteca_articles/l-espagne-s-enliseen-catalogne

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